• Medientyp: E-Artikel
  • Titel: Велемир i -поэт становлянин
  • Beteiligte: Jaccard, Jean-Philippe [VerfasserIn]
  • Erschienen in: Modernités Russes ; Vol. 8, n° 1, pp. 437-448
  • Sprache: Russisch
  • DOI: 10.3406/modru.2009.1481
  • ISSN: 0292-0328
  • Identifikator:
  • Schlagwörter: article
  • Entstehung:
  • Anmerkungen:
  • Beschreibung: Parmi les termes qui ont été introduits à l’époque des avant-gardes, il en est un qui a eu une fortune mitigée. Il s’agit du néologisme stanovljanstvo (devenirisme), introduit par Aleksandr Tufanov (1877-1941 ?), le principal propagandiste d’une zaum’ radicale et véritable organisateur des zaumniki dans les années vingt. Après la mort de Hlebnikov, Tufanov se profile comme le successeur de celui-ci dans la fonction de «Président du Globe Terrestre de la Zaum’ », et il lui consacre plusieurs articles. Si certains d’entre eux étaient connus (Uškujniki, 1991), la publication à venir par T. Dvnijatina d’inédits (conservés à l’Institut de littérature russe - IRLI - Puškinskij dom) permet aujourd’hui de porter un regard un peu différent sur le lien qui unit les deux poètes. Dans ces articles du début des années vingt, nous rencontrons régulièrement le concept de devenirien, que Tufanov oppose à celui de futurien. Contrairement à ce qu’on a pu penser, Tufanov rejette l’appellation de futurien comme étant trop limitative. Pour lui, ne considérer que le futur dans une démarche poétique revient à renoncer à accéder à une vision totalisante de la temporalité et, partant, à l’idée que la mort puisse être surmontée, ce qui faisait partie du projet des avant-gardes. Sous l'influence de Bergson, Tufanov réfute l’idée de temps comme durée et, par conséquent, les notions elles-mêmes de futur ou de passé, au profit de celle de «merveilleuse simultanéité», qu’il convient de mettre en rapport avec celle de fluidité, principe d’une poétique capable d’appréhender la vie dans son flux éternel et dans son éternelle renaissance. Pour Tufanov, les futuriens sont dans la catégorie de ceux qui ont une perception spatiale du temps, alors que le vrai poète est celui «qui devient», et c’était le cas de Hlebnikov, notamment dans son travail de sémantisation des phonèmes consonantiques. C’est ce travail que Tufanov, qui ne connaissait pas l’ensemble des travaux de Hlebnikov dans ce domaine, dit poursuivre à cette époque. L’analyse de ces articles montre donc que la zaum’ est, pour lui, synonyme de stanovljanstvo, et que les deux termes entrent dans le même paradigme que le «sans image», le «sans objet», le «lyrisme immédiat», la «musique phonique» (bezôbraznost’, bespredmetnost’, neposredstvennyj lirizm, foničeskaja muzyka) etc. Ce sont là autant de moyens de détruire l’univers conçu dans l’espace et de le recréer dans le temps infini du «Gouvernement du Temps» (synonyme de Zaumie), accessible à l’être précisément grâce à la zaum'. Ces éléments tendent à montrer que Tufanov comptait bien implanter durablement la zaum’, autrement dit le stanovljanstvo de type khlebnikovien, de manière durable, et même comme forme poétique définitive et unique. Cela nous permet de prendre beaucoup plus au sérieux ses tentatives d’organiser les jeunes poètes de Leningrad au milieu des années vingt (notamment les futurs Oberiuty) et nous incite à ne pas sous-estimer l'influence de Hlebnikov dans l'étude des textes de jeunesse de ceux-ci.
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